ils sont tombés

les nuages sont tombés
et ceux que j’ai accrochés au vent
regardent ailleurs aujourd’hui
fatigués par l’impossible
ils se désintéressent du monde
sa course immuable
ne fait plus recette
le temps s’enfuit
les valeurs se dégonflent
comme des ballons en plastique
il me reste à reconstruire
tout ce qui s’efface chaque jour
peut-être y parviendrai-je
en attendant je lis
les poétesses oubliées
et trouve dix mille réponses
aux questions que j’ignorais avoir

– Emmanuelle de Dardel


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aux âmes

je ne sais plus quoi écrire
prise au piège entre la colère
la tristesse et la rage

je ne sais plus quoi dire
à tous ceux qui ne veulent pas
entendre et encore moins écouter

je ne sais plus quoi penser
de ces chefs d’état milliardaires
qui abusent d’un peuple mourant 

je ne sais plus quoi faire
pour rêver encore un peu
pour cultiver l’espoir 

je ne sais plus quoi faire
dans ce monde de lâches et de
faux-semblants

alors je lis de la poésie toutes les poésies
les désespérantes les joyeuses
et les authentiques celles qui viennent
du cœur celles qui parlent aux âmes

– Emmanuelle de Dardel

Ce ne sont pas que des mots

Au cours d’une discussion, j’ai encore entendu ce cliché « ce n’est que des mots, ça ne va pas te faire de mal. Tu laisses passer au-dessus de ta tête et c’est bon… »

Non, ce ne sont pas que des mots. Les mots représentent et construisent le réel. Ce sont grâce à eux qu’on apprend à l’école et qu’on construit sa personnalité.

Ce sont ces mots qui nous permettent de nous exprimer et de discuter avec les autres. D’écrire et de lire. De faire des études, de travailler, de lire le journal, de lire des livres, des romans, de la poésie, des nouvelles…

Ils font plaisir quand ils sont tendres et doux. Parfois même, les mots sourient, font des clins d’œil, caressent, tremblent de joie et rient. Ils éclatent de rire, et ont même des fous rires.

Les mots guérissent aussi. Ils confortent, rassurent, soutiennent, cherchent des solutions, sont présents dans le malheur et la tristesse. Quand plus rien ne va et que plus personne n’est là.

Souvent, les mots attendent. Ils attendent l’autre, ils attendent le mot juste. Ils attendent le bon moment. Ils attendent tellement que c’est alors trop tard. Plus tard devient trop tard.

Enfin, les mots partent, fuient, chassent. Ils hurlent aussi. Ils frappent, tapent, donnent des coups de pied, des gifles, des coups de poing. Ils dépècent, ils mettent en morceaux, ils vident. Les mots tuent aussi. Les mots tuent les relations, tuent les âmes, tuent les cœurs.

Alors non, ce ne sont pas que des mots. Ils sont le reflet du réel et de nous-mêmes. Les mots nous constituent. Ils sont la colonne vertébrale de notre parole, de notre personnalité, de notre âme. Et ils sont l’alphabet des écrivains et des poètes.

– Emmanuelle de Dardel