blog de poésie
en chaîne
garder le sourire
même quand
il pleut des
bombes sur
des enfants
dans un
monde disloqué
– Emmanuelle de Dardel
Des poétesses
Cela fait des années que je constate que les poétesses n’existent presque pas, que l’on ne connaît presque aucun nom par cœur. Il y a bien Marie de France, Louise Labé. Et si on cherche bien, Anna de Noailles. C’est à peu près tout.
Difficile de rivaliser avec tous ces poètes que l’on aime tous et dont on connaît au moins un poème par cœur. Rimbaud, Verlaine, Baudelaire, Hugo, Prévert, Apollinaire, Claudel… Je m’arrête là, la démonstration est faite.
Alors pour tenter de rétablir un peu l’équilibre poétesses poètes, j’ai fait un tableau sur Google Drive. Il est librement consultable. Pour pouvoir l’éditer et ajouter des poétesses, envoyez-moi un e-mail. Vous trouverez le lien ici ou sur sur le blog de poésie.
Merci à Delphine Garcia d’avoir lancé l’idée pour qu’on fasse cette liste nous-mêmes !
– Emmanuelle de Dardel
brûlure
les mots brûlent
les mains la bouche
ils veulent dire
mais je ne veux pas
je ne peux pas
les mots brûlent
ils enragent
je dois les taire
on n’en veut pas
ils sont
indicibles
indésirables
– Emmanuelle de Dardel
Suave
La délicatesse secrète promesse
Tendresse & adresse
La délicatesse fragile justesse
Sagesse & finesse
La délicatesse sensible richesse
– Charly Dufaud
des nuances à semer
au plus profond de soi
un cadeau invisible
que seules des mains douces
peuvent récolter
à chaque instant
– Emmanuelle de Dardel
fleurs noires
dans ce monde dévoyé
les fleurs bleues n’existent plus
arrachées par le vent
de l’inconstance de la déloyauté
le désespoir fait rage
tinder a démonté l’amour
en à peine quelques clics
tous les plans d’un soir
s’affichent avec insistance
sur ton téléphone brûlant
et quand tu effaces l’appli
les hommes mariés te trouvent quand même
sur facebook sur messenger
sur instagram sur telegram
l’amour est devenu jetable
et quand les femmes ne veulent pas
ils apprennent comment les asservir
ils les droguent pour les faire taire
et assouvir leurs pulsions
l’irrespect est la nouvelle loi
– Emmanuelle de Dardel
Pétition Freedom Flotilla
Pour signer la pétition et rendre Israël responsable de la sécurité du Freedom Flotilla
Ah, l’amour
L’amour nous rend fous et nous devenons fous sans amour.
– Emmanuelle de Dardel
subtil
saisir le souffle
de l’inespéré
de l’inconnu
au vol
avant qu’il ne s’échappe encore
comme imperceptible
– Emmanuelle de Dardel
chevaucher
les ailes
du souffle
à fleur de pétale
au rythme du coeur
– Philippe Petit
Dilemme ou pas
Quand je me tais, ce n’est pas que je n’ai plus rien à dire. C’est le contraire, j’ai trop à dire, sur des thèmes essentiellement tabous. Dois-je vraiment les citer ? Vous les connaissez aussi bien que moi : la guerre, le génocide, la religion, le féminisme, les violences sexuelles et sexistes, les silences qui prennent parti…
Alors je me tais, sachant trop bien que cela ne se dit pas. Et puis aussi parce que je n’aime pas débattre sur Internet avec des personnes inconnues hors d’elles, voire malveillantes. Cela me hérisse. Pourtant j’aime débattre avec des amis, ouvrir mon regard, développer mon sens critique, élargir mon horizon.
Alors je me tais, tant bien que mal, même si parfois il m’échappe une poésie difficile, même si quelques vérités s’immiscent en douce dans mes phrases. Je me tais. C’est cela que l’on veut, des femmes qui arrondissent les angles, des poétesses qui réenchantent le réel, sans trop l’estropier. Je me tais mais je soutiens toutes les personnes qui portent un étendard haut et fort.
– Emmanuelle de Dardel
Ce ne sont pas que des mots
Au cours d’une discussion, j’ai encore entendu ce cliché « ce n’est que des mots, ça ne va pas te faire de mal. Tu laisses passer au-dessus de ta tête et c’est bon… »
Non, ce ne sont pas que des mots. Les mots représentent et construisent le réel. Ce sont grâce à eux qu’on apprend à l’école et qu’on construit sa personnalité.
Ce sont ces mots qui nous permettent de nous exprimer et de discuter avec les autres. D’écrire et de lire. De faire des études, de travailler, de lire le journal, de lire des livres, des romans, de la poésie, des nouvelles…
Ils font plaisir quand ils sont tendres et doux. Parfois même, les mots sourient, font des clins d’œil, caressent, tremblent de joie et rient. Ils éclatent de rire, et ont même des fous rires.
Les mots guérissent aussi. Ils confortent, rassurent, soutiennent, cherchent des solutions, sont présents dans le malheur et la tristesse. Quand plus rien ne va et que plus personne n’est là.
Souvent, les mots attendent. Ils attendent l’autre, ils attendent le mot juste. Ils attendent le bon moment. Ils attendent tellement que c’est alors trop tard. Plus tard devient trop tard.
Enfin, les mots partent, fuient, chassent. Ils hurlent aussi. Ils frappent, tapent, donnent des coups de pied, des gifles, des coups de poing. Ils dépècent, ils mettent en morceaux, ils vident. Les mots tuent aussi. Les mots tuent les relations, tuent les âmes, tuent les cœurs.
Alors non, ce ne sont pas que des mots. Ils sont le reflet du réel et de nous-mêmes. Les mots nous constituent. Ils sont la colonne vertébrale de notre parole, de notre personnalité, de notre âme. Et ils sont l’alphabet des écrivains et des poètes.
– Emmanuelle de Dardel
Thanks so much. Have a lovely evening. Best to you