pose là ton visage, Monique Laederach (article libre)

pose là ton visage

où tendrement s’ouvrent les lèvres de la nuit,

et bois quand je suis source, prends-moi

quand je suis d’ombre,

étreins-moi terre ou feuillage ou rocher –

mais laisse ton désir fermé sur ma paupière,

afin que ton regard, jamais, ne lise dans le mien

ce que je sais,

et que ma chevelure demeure voûte

autant que la saulaie, et plus secrète

à te rejoindre et plus obscure à t’habiter.

(in L’Étain la source)

Poème tiré du livre de Régine Deforges, Poèmes de femmes, Paris, le cherche midi, 2009.

Poèmes de femmes, Régine Deforges (article libre)

Voici la quatrième de couverture.

« Ce livre est plus que la simple compilation de poèmes écrits par des femmes, du Moyen Âge à nos jours : c’est un élan du coeur !

Mais cet appel intérieur constitue surtout un véritable plaidoyer, celui qu’un écrivain, femme de surcroît, doit, aujourd’hui encore, prononcer, dans le but de faire découvrir au plus grand nombre de lecteurs contemporains les richesses que recèle – subsistant malgré l’évolution des mentalités – ce « ghetto poétique de la féminitude ».

Régine Deforges y défend avec passion le droit des femmes à exister par elles-mêmes, à être jugées et appréciées pour leurs talents propres, et non à l’aune d’éternels référents masculins. Elle soutient donc, haut et fort, que Christine de Pisan, Marceline Desbordes-Valmore, Marie Noël, Andrée Chedid ou Joyce Mansour ne sont pas des « suiveuses », mièvres reflets de quelque Villon, Lamartine, Verlaine, Valéry ou Prévert : elles sont poètes, un point c’est tout.

Avec cette sélection très personnelle, très éclectique, de plus de cent femmes poètes, s’exprimant en langue française, Régine Deforges a souhaité mettre à notre disposition nombre de ces oeuvres, inconnues, méconnues, oubliées, voire ignorées : « L’ignorance que l’on a d’une oeuvre la tue », affirme-t-elle avec force. « La lecture de la poésie aide à vivre », ajoute-t-elle.

Cette nouvelle édition, revue et augmentée, accorde une large place aux contemporaines. »

Régine Deforges, Poèmes de femmes, Paris, le cherche midi, 2009

Entendu récemment en librairie, d’une femme

Il y a quelques jours, j’ai réalisé que ma collection de livres de poésie était principalement masculine. A ce propos, lisez mon texte Des poétesses sur mon blog, où je mentionne ce qui m’a aidée à en prendre conscience. A la suite de cela, j’ai fait quelques visites littéraires dans les bouquineries et les librairies de ma ville. 

Aujourd’hui, le sujet de ce post est ma récente interrogation en librairie. Je me suis arrêtée devant le rayon de littérature contemporaine, pour avoir un aperçu. Et une femme d’un âge certain était là. Elle était probablement déjà arrière-grand-mère. Sa peau fine toute ridée était charmante et j’ai eu envie de lui adresser la parole. 

Elle s’apprêtait à prendre un livre d’Annie Ernaux, Prix Nobel de littérature 2022. J’ai approfondi la discussion et j’ai découvert que mon interlocutrice en avait assez de toutes ces femmes publiées. De son avis et de ceux de son entourage, il y a beaucoup trop d’autrices aujourd’hui. 

Il va de soi que je suis restée interloquée, ne sachant que répondre à une telle énormité. Puis, j’ai réalisé que c’est peut-être l’ascendant des hommes qui lui manque. Ou alors qu’elle est tellement habituée à ne lire principalement que des hommes qu’elle ne réalise pas l’inégalité actuelle ? 

Emmanuelle de Dardel

Femme de lettres romande, Mousse Boulanger s’est éteinte à 96 ans, article de la RTS

« C’est tout à fait injuste, mais dans mon pays, la Suisse, une femme trouve plus difficilement sa place et sa reconnaissance. Ajoutez-y ma passion vitale: la poésie, et on aura tout dit. Alors, permettez-moi de vous dire, à titre posthume, deux ou trois choses sur ma vie, non pas mon œuvre, pourtant très abondante, mais ce que j’ai réalisé avec les mots pour célébrer le monde et honorer les mots des autres. Et puis n’oublions pas la radio, l’émetteur de Sottens, puis Radio Suisse Romande où j’ai éveillé durant des décennies les auditeurs à la poésie avec mon complice et mon époux, Pierre Boulanger, dont j’ai adopté le pseudonyme. »

Suivez le lien pour lire la suite de l’article.