cœurs transistors

la poésie
pour dire
pour écrire
ce que tu
refuses
caches
rejettes

la poésie
pour parler
des tabous
indicibles
intangibles
d’une société
qui ferme les yeux

la poésie aussi
pour enchanter
pour adoucir
pour apaiser
pour reconstruire
les âmes brisées les âmes fortes
les cœurs transis les coeurs transistors

– Emmanuelle de Dardel

Dilemme ou pas

Quand je me tais, ce n’est pas que je n’ai plus rien à dire. C’est le contraire, j’ai trop à dire, sur des thèmes essentiellement tabous. Dois-je vraiment les citer ? Vous les connaissez aussi bien que moi : la guerre, le génocide, la religion, le féminisme, les violences sexuelles et sexistes, les silences qui prennent parti…

Alors je me tais, sachant trop bien que cela ne se dit pas. Et puis aussi parce que je n’aime pas débattre sur Internet avec des personnes inconnues hors d’elles, voire malveillantes. Cela me hérisse. Pourtant j’aime débattre avec des amis, ouvrir mon regard, développer mon sens critique, élargir mon horizon.

Alors je me tais, tant bien que mal, même si parfois il m’échappe une poésie difficile, même si quelques vérités s’immiscent en douce dans mes phrases. Je me tais. C’est cela que l’on veut, des femmes qui arrondissent les angles, des poétesses qui réenchantent le réel, sans trop l’estropier. Je me tais mais je soutiens toutes les personnes qui portent un étendard haut et fort.

– Emmanuelle de Dardel