Prisme

L’océan aspire le soleil
Comme une coupe de lumière
Dans la plongée d’une nuit

– Gérard Mornet

et les cœurs se grandissent
ils s’ouvrent à la joie à la honte 
pour que l’indifférence s’estompe

Emmanuelle de Dardel 

du soleil

elle avait du soleil dans les mains

et tous venaient se servir

pour éclairer leur vie

ils revenaient sans cesse

se resservir

sans même s’inquiéter pour elle

comme si sa source était intarissable

jusqu’au jour où elle n’eut plus rien à donner

jusqu’au jour où son monde devint aussi noir qu’une nuit sans lune ni étoiles

jusqu’au jour où elle cessa d’exister

dans l’indifférence

depuis elle ne donne plus rien

elle ne parle plus la même langue

et reconstruit son soleil

avec des lettres de sang

jour après nuit

dans son cahier d’or

– Emmanuelle de Dardel