dans la fêlure

dans la fêlure du monde
les mots prennent tout leur sens
les actions insensibles et insensées
l’indignation et l’insignifiance
enchaînées à l’impuissance
dans la fêlure du monde
l’impossible et l’indifférence
s’attachent à la réalité
sans qu’on y prête attention
et un jour les murs sont là
dans la fêlure des âmes

– Emmanuelle de Dardel

mystère

mystère

dans l’éblouissement du monde
garder les yeux purs
oser voir et entendre
ce qu’ils refusent
malgré les griffons
les fêlures sans fin

brisures
obscurs
opaques
l’apathie
l’inertie
quand tout est nuit

ouvrir les yeux et les mains
étoiler les trahisons
chanter la mélodie du soleil
voltiger les voies lactées
dans l’ombre des jours à venir
la mort est pour plus tard
la mort est pour jamais

Emmanuelle de Dardel

©️

l’antiamour

elle écrit de la poésie
il lui parle de lessive
de la poussière chez lui
elle rêve d’un bon mari
il lui propose d’être sa side-chick
et de venir la voir dans son lit
elle espère de la courtoisie
il lui envoie billes billevesées 
niaiseries sottises et utopies
elle préfère vivre en poésie
plutôt qu’en hypocrisie et tromperie
le monde va-t-il retrouver son âme sensible

– Emmanuelle de Dardel

toutes ces poésies

toutes ces poésies et ces vies
tournoient dans ma tête
un tsunami d’émotions
la musique de l’univers
qui nourrit qui détruit
qui annihile qui reconstruit
à partir de rien de tout
chaque jour je recrée
un monde meilleur
pour survivre à la haine
les mots changent des vies

– Emmanuelle de Dardel

de l’infini

sur le banc de l’infini
s’asseoir et voir la beauté
au-delà des choses convenues
ressentir chaque brin d’herbe
feuille d’arbre fleur fruit
et vaguelette
sur le banc de l’infini
s’enfoncer dans la profondeur
s’asseoir et devenir nature
devenir les autres
devenir le monde
devenir

– Emmanuelle de Dardel

Les hirondelles

Déjà les hirondelles qui volètent au-dessus de nos têtes. La lune rousse et pleine nous fait des clins d’œil par-delà l’horizon. Elle aime se refléter dans les vaguelettes sans fin du lac. Des miroirs par milliers sur les vagues qui scintillent pour répondre aux étoiles. Un chemin de lumière tracé jusqu’à nous. Une mosaïque dorée qui s’illumine sur l’eau. Les hirondelles sont toujours là, elles volètent en silence, calmes et concentrées, attentives aux présences tout en étant discrètes. Elles écrivent des poèmes d’amour dans le ciel bleu crépuscule. Peut-être que ce sont tes mots ? Nul ne le saura, tu t’es effacé il y a si longtemps. Le monde a changé sans moi, depuis ton départ.

– Emmanuelle de Dardel