Les hirondelles

Déjà les hirondelles qui volètent au-dessus de nos têtes. La lune rousse et pleine nous fait des clins d’œil par-delà l’horizon. Elle aime se refléter dans les vaguelettes sans fin du lac. Des miroirs par milliers sur les vagues qui scintillent pour répondre aux étoiles. Un chemin de lumière tracé jusqu’à nous. Une mosaïque dorée qui s’illumine sur l’eau. Les hirondelles sont toujours là, elles volètent en silence, calmes et concentrées, attentives aux présences tout en étant discrètes. Elles écrivent des poèmes d’amour dans le ciel bleu crépuscule. Peut-être que ce sont tes mots ? Nul ne le saura, tu t’es effacé il y a si longtemps. Le monde a changé sans moi, depuis ton départ.

– Emmanuelle de Dardel

fleurs noires

dans ce monde dévoyé

les fleurs bleues n’existent plus

arrachées par le vent

de l’inconstance de la déloyauté

le désespoir fait rage

tinder a démonté l’amour

en à peine quelques clics

tous les plans d’un soir

s’affichent avec insistance

sur ton téléphone brûlant

et quand tu effaces l’appli

les hommes mariés te trouvent quand même

sur facebook sur messenger

sur instagram sur telegram

l’amour est devenu jetable

et quand les femmes ne veulent pas

ils apprennent comment les asservir

ils les droguent pour les faire taire

et assouvir leurs pulsions

l’irrespect est la nouvelle loi

– Emmanuelle de Dardel

partition

chaque printemps

les oiseaux réapprennent à chanter

au sommet des grands arbres du temps

ils déroulent leurs trilles dans le ciel

tout près des nuages tout près des enfants

il ne reste plus qu’à les écouter

l’homme sait-il encore s’oublier pour entendre le chant du monde

– Emmanuelle de Dardel

risée

écoute le vent

il s’écoule doucement

sur le bord des fenêtres

il s’immisce dans les cœurs

qui veillent sans peurs

et insuffle l’espoir le changement

à chaque fois que le monde vacille

– Emmanuelle de Dardel