miroir

quand certains s’amusent
sous les feux d’artifice
pendant une petite heure

d’autres meurent de désespoir
sous les bombes et les obus
depuis 80 ans

les cieux se ressemblent
illuminés par l’homme
mais les musiques diffèrent

qu’allons-nous faire pour arrêter
ces guerres intenables
ce génocide
cet holocauste

– Emmanuelle de Dardel


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partition

chaque printemps

les oiseaux réapprennent à chanter

au sommet des grands arbres du temps

ils déroulent leurs trilles dans le ciel

tout près des nuages tout près des enfants

il ne reste plus qu’à les écouter

l’homme sait-il encore s’oublier pour entendre le chant du monde

– Emmanuelle de Dardel

étoiles sensibles

merveilleuse saison rayonnante

qui voit les mains des arbres grandir

se couvrir d’étoiles sensibles et rougissantes

par centaines par milliers par l’infini

ce sont toutes tes pensées

qui deviennent ensuite des fleurs odorantes

avant de tomber dans la nuit du ciel

la nuit des temps

là où l’amour prend naissance

au fond des âges

– Emmanuelle de Dardel

Un ou deux fragments

Vous faites quoi ?

Elle aurait voulu répondre qu’elle créait des mots parfois. Et qu’elle en faisait aussi des poésies. Des poésies qui parlent des relations, de l’amour, de la nature et de la transmutation des souffrances. Des poésies du silence qui passe comme le temps. Des nuages aussi, ces petits êtres malicieux qui ressemblent aux fées et aux elfes, et qui se transforment à loisir dans le ciel de la vie. Et puis elle aurait pu lui raconter qu’elle tombe dans les étoiles quand elle saute.

Les étoiles qui l’accompagnent jour et nuit, quand elle écrit son âme et son coeur.

Au lieu de cela, elle lui a juste dit qu’elle n’avait pas fait grand chose ce jour-là, qu’elle avait écrit un ou deux fragments en venant.

Emmanuelle de Dardel

au bord

au bord

au bord du gouffre

au bord du monde

elle a déjà sauté

si souvent

pour cueillir des étoiles

pour naviguer sur les nuages

pour trouver son soleil

pour écrire en paix

pour chanter dans la forêt

pour partir loin de toi

pour dormir ailleurs

pour danser pieds nus

pour écouter ton âme

pour repeindre les arcs-en-ciel

et créer de nouvelles étoiles

quand les hommes puissants

s’acharnent innocemment

à détruire des vies

à détruire le monde

– Emmanuelle de Dardel



Tableau de Friedrich Dürrenmatt, au Centre Dürrenmatt Neuchâtel

La terre qui danse

Quand je danse, danse en tournant,
Les marronniers rient de ma danse,
Mais je vois au bout d’un moment
Les marronniers qui vont dansant.

Les pommiers font des révérences,
Les bouleaux quittent le verger,
Les voilà dans le ciel léger,
Moi, je danse, danse en cadence.

La maison penche et se balance,
La fontaine court, le pré vert
Grimpe dans un nuage clair!
Toute la terre danse, danse,

Toute la terre est à l’envers!

Emilia Cuchet-Albaret (1881-1962), in Poètes de Suisse romande, Lausanne, Ed. Rencontre, 1964

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bleu intense

un grand ciel bleu intense
orne enfin cette vallée
assombrie tout l’hiver
et fait rire à nouveau

les allées et venues
reprennent peu à peu
en de multiples sens
et deviennent chargées

partout, dans les recoins
sur les hautes maisons
un éclat de lumière
jaillit devant nos yeux

les jardins prennent vie
d’un simple ciel tout bleu
la lumière éclairant
chaque brin d’herbe tendre

il est temps aujourd’hui
d’accueillir cet or pur
qui réchauffe le cœur
et illumine l’âme

– Emmanuelle de Dardel, hiver 2019