Le lac gelé, Philippe Godet

La froidure persévérante
Régnant sous un ciel bas et gris,
Le lac, comme en mil huit cent trente,
Un beau matin se trouva pris.

Viens hardiment et te promène,
Neuchâtelois timide, accours !
La glace a plus d’une semaine
Et porte les poids les plus lourds :

J’en veux pour preuve principale
Le fait qu’au mépris du trépas,
La police municipale
Fit l’épreuve – et n’enfonça pas !

Donc, on patine fort à l’aise,
Et les gens sont émerveillés
Depuis la Béroche à Saint-Blaise,
– Hormis les bateliers.

On voit des familles complètes
Se risquer à cent pas du bord,
Et ce sont des jeux et des fêtes
Ainsi qu’aux rivages du Nord.

Tout au loin sur la morne plaine,
Quelques patineurs aguerris
Semblent, dans la brume incertaine,
Des points noirs sur l’horizon gris…

(Le Cœur et les Yeux.)

Philippe Godet (1850-1922), in Poètes de Suisse romande, Lausanne, éditions Rencontre, 1964, p. 48-49

Ecrit par Emmanuelle de Dardel

Lire de la poésie me transporte depuis que j'en ai lu pour la première fois, à l'école.

lundi 12 juin 2023

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