poésies libres

hasard

au hasard
des rencontres
des idées
des envies
de la vie
retrouver
son chemin
enfin
ses rêves
ses espoirs
comme un
moineau
qui sautille
vers l’ordinaire
et l’enchanté
les fées viennent
quand on les
regarde avec
amour

– Emmanuelle de Dardel

soi toi-m’aime

je surnage ma vie
je nage je plonge
je crawle je brasse
je coule
je coule à pic
je me noie
je perds pied
je perds mon âme
je perds la vie
celle qui me rendait malade
celle des abuseurs en libre-service
profiteurs traîtres menteurs trompeurs manipulateurs
ceux qui ne disent pas tout
ceux qui m’utilisent pour leurs desseins

je renais
sans eux sans toi
avec moi
phénix dragon monstre des profondeurs
je renais en poésie
de poésie
pure poésie
moi-même
moi-m’aime
sans masques de bienséance
sans injonctions contradictoires
sans t’oublier
sois toi-même mais pas trop
soi toi-m’aime mais tais-toi
sois douce polie modeste et charmante
et accepte l’impossible indicible inavouable

je vis sans toi
dans l’
invisible
incertitude
infini
ailleurs
et ici
nous ne sommes qu’un
pourquoi t’acharner à me mourir

– Emmanuelle de Dardel

libre pensée

le soleil sourit
la pluie a lavé le passé
a lavé l’avenir
il peut briller à nouveau
sur la route du temps

– Emmanuelle de Dardel

on a voulu

on a voulu me faire taire
je suis devenue prédicatrice
j’ai prêché à l’église
aux hommes aux femmes
aux blancs aux noirs

on a voulu me faire taire
je suis la première femme
à avoir gagné un procès
pour la liberté de son fils
pour le sortir de l’esclavage

on a voulu me faire taire
j’ai milité pour le droit de vote
des femmes noires et blanches
pour sortir de l’oppression
et du patriarcat

on a voulu me faire taire
je suis devenue le symbole
de l’émancipation des femmes
de l’élévation des âmes

on a voulu me faire taire
j’ai agi pour la vérité
j’ai choisi l’éducation
pour la liberté de l’humanité
je suis Sojourner Truth

– Emmanuelle de Dardel

Rédigé lors de l’atelier d’écriture « Slam à femmes » avec Célia (clic), lors des journées du matrimoine (clic) à Lausanne, 19 au 21 septembre 2025

œil de dragon

le calme est trompeur
ils mangent la terre
et le soleil
ils s’entredétruisent
ignorant comment se parler
comment se comprendre
c’est la loi du plus fort
le silence recouvre les âmes
et le respect n’est qu’un vain mot
la violence ne mène à rien
faire confiance à la vie est illusoire
nous sommes dans l’œil du cyclone
et dans le déni
tout peut basculer
d’un jour à l’autre
le soleil va-t-il se réveiller demain
ou aura-t-il été dévoré
le calme est trompeur

– Emmanuelle de Dardel

à l’envers

le monde marche à l’envers
les méchants se font passer pour des gentils
les gentils sont pris pour des méchants
la réalité perd de son sens
les mots aussi
se comprendre devient difficile
et absurde

– Emmanuelle de Dardel

rayon d’été

un dernier rayon d’été
arrose les maisons de lumière dorée
avant de se coucher au loin
jusqu’au printemps prochain
les anges des nuages
se donnent la main au loin
à travers l’invisible
au-delà des murs
rien ne les sépare
à part le vent
à part le temps

– Emmanuelle de Dardel

la raison affleure

tout le poids du monde
est porté par les petites-mains
les impuissants
les femmes les enfants
et les victimes de Gaza et d’ailleurs
la raison affleure
sur le poids du monde

– Emmanuelle de Dardel

du fond du cœur

il y avait là-bas
un grand tableau noir
tout propre tout noir
avec des craies multicolores
il n’attendait que la vie
et ses mots qui viennent
tracer quelques vérités
d’un trait d’un instant
du fond du cœur

– Emmanuelle de Dardel