La frontière des cantons
La frontière des régions
La frontière des langues
La frontière des genres
La frontière des pays
La frontière des corps
La frontière des pensées
La frontière du respect
La frontière des mondes
La frontière des continents
Et pourtant, nous nous sommes rencontré.es
Écrire c’est (se) rencontrer, entre deux sourires, entre deux frontières, qu’elles soient intimes ou géographiques.
Écrire c’est changer, entendre, s’ouvrir et comprendre.
– Emmanuelle de Dardel
poésies libres
transmission d’art
empreintes du temps
les yeux des oiseaux
dans le jardin du Rhin
ton ombre qui s’envole sur les murs
et ces églises partout
autour d’un soleil qui grandit
avec les âmes qui s’ancrent
– Emmanuelle de Dardel
inconscient
j’ai les idées en bataille
le cerveau qui court un marathon et
un sprint simultanés
les yeux qui cherchent
des nuages ou des solutions
les réponses évidentes qui
s’évanouissent
ou s’épanouissent
je ne sais plus
j’ai les mains qui tremblent
le cœur chamadé
ou chamarré je ne sais plus
alors je lâche les amarres je largue les rennes
j’écris des vers en toute liberté
pour m’évader me retrouver
plonger dans la profondeur oublier
l’indifférence affronter les dragons
de l’inconscient (collectif)
– Emmanuelle de Dardel
Entourage
Le soleil se lève et s’élève chaque matin, imperceptiblement. Il parcourt son chemin en même temps que nous, puis il recommence le lendemain et tous les autres jours, inlassablement. Sa course est presque immuable, pendant que les nôtres sont aléatoires et dépendent de nos rencontres. Nous sommes notre entourage.
– Emmanuelle de Dardel
exercice de négation négativité / positivité
la poésie ne (se) vit pas
« ce ne sont que des mots »
qui se balancent doucement
sur le fil du hasard
les uns à la suite des autres
ils ne soufflent ni espoir
ni rêves
ils traversent nos vies
comme des pantins en bois inanimés
ils ne sont ni nos yeux ni nos âmes
la poésie (se) vit
ce ne sont pas que des mots
qui se balancent doucement
sur le fil du hasard
les uns à la suite des autres
ils soufflent espoir et
rêves
ils ne traversent pas nos vies
comme des pantins en bois inanimés
ils sont nos yeux nos âmes
– Emmanuelle de Dardel
rage
la pluie s’écoule souvent
goutte après goutte
des nuages gris
à tes yeux verts
vert océan
à la houle primordiale
des matins qui respirent
encore surpris d’être en vie
après les nuits de rage noire
– Emmanuelle de Dardel
victime
la
la victime
la victime est
la victime est coupable
la victime est coupable d’
la victime est coupable d’être
la victime est coupable d’être victime
la victime n’est pas coupable d’être victime
la victime n’est pas coupable d’être
la victime n’est pas coupable d’
la victime n’est pas coupable
la victime n’est pas
la victime n’est
la victime
la
– Emmanuelle de Dardel
Soutenir une victime, c’est prendre son parti. Seul.e l’agresseur est coupable. Le silence de l’entourage et de la société donne raison à l’agresseur.
yeux éblouis
un océan de brumes
les vagues grises se déroulent
les unes sur les autres
les arbres ruissellent de cuivre d’ocre
de toutes les nuances d’automne
verts attendris sapin ou bronze
bouton d’or paille ambre
noisette rouille ombre
ocre brûlé lie de vin
la nature chantonne les couleurs
qui changent s’envolent et virevoltent
comme des lucioles endimanchées
l’automne et ses feuilles vivent et
dansent au son des nuages
des vents contraires violents ou sournois
la terre entière est une ronde de
feuilles aux tons ocres le cadeau
dune vie d’une année pour les yeux éblouis
j’ai voulu cueillir les étoiles
et j’ai été happée par l’ombre
c’est là que j’ai rencontré la poésie
– Emmanuelle de Dardel
cœurs transistors
la poésie
pour dire
pour écrire
ce que tu
refuses
caches
rejettes
la poésie
pour parler
des tabous
indicibles
intangibles
d’une société
qui ferme les yeux
la poésie aussi
pour enchanter
pour adoucir
pour apaiser
pour reconstruire
les âmes brisées les âmes fortes
les cœurs transis les coeurs transistors
– Emmanuelle de Dardel
couleur de feu
dans tes cheveux
se cache une âme
couleur de feu
remplie de flammes
c’est sur ta tombe
dans l’inconscience
que la colombe
perd sa confiance
dansent les cœurs
ils se croient libres
ses arnaqueurs
en équilibre
pourtant le temps
est tout sauf dupe
quand il prétend
qu’il s’en occupe
– Emmanuelle de Dardel