« J’ai vécu ce charme discret de la bourgeoisie, qui a été emporté par le raz-de-marée du temps. Matins des femmes qui, une fois l’homme parti à son bureau, paressent pendant des heures, écoutent la radio, traînent en chemise de nuit ou en peignoir. Ces filles (mes sœurs) sont élevées pour ne jamais travailler, et ne travailleront jamais, sauf dans le mariage à enfants. C’est très condamnable, mais ça m’arrange, le désordre me plaît. On fait à peine attention à moi, preuve, à mes yeux, que je suis d’une espèce différente. Dans les jeux, je compte pour du beurre, et voilà. »
Philippe Sollers, Portraits de femmes, Paris, Gallimard, 2013, p. 22
0 commentaires